Jambinai et plus si affinités

Nul n'est prophète en son pays.
Les exemples ne manquent pas dans l'histoire de l'humanité:
Jesus, Copernic, Sigmund Freud, Daft Punk et Voïvod en tête de liste (mon éternel respect à celui ou celle qui comprendra le fil rouge les reliant).

Jambinai fait partie de ceux-ci. Si prophète ils sont, c'est loin de leur contrée, où l'on préfère la K-Pop mielleuse et dégoulinante.

Quelle idée saugrenue de leur part aussi que de mêler Folk, Heavy Metal et Musique traditionnelle coréenne? Et pourquoi pas faire du metal avec des violoncelles tant qu'on y est? C'est un cocktail inédit que nous délivre Kim Bo-mi, Il-woo et Shim Eunyoung ( a noter que le trio q'adjoint les services d'un batteur et d'un bassiste pour ses prestations live).

Leur post-rock oscillant entre sonorités traditionnelles, électriques et électroniques, envoûte, emporte et hypnotise.

Leur unique production jusqu'à présent s'intitule Difference, est à la fois un ovni dans le paysage musical, et un chef d'oeuvre de musicalité à mettre entre toutes les esgourdes.
Dès les premières notes de la première piste Time of Extinction, nous savons que nous avons affaire là à un très très grand groupe, de ceux qui peuvent changer la face d'un genre musical. De ceux dont on continuera à parler des années, voire des décennies durant.
L'ombre de Godspeed You! Black Emperor plane sur cet album, mais on ressent également la sueur d'un Neurosis, les rythmiques tribales que n'aurait pas renier Sepultura (hand of Redemption est un hymne metal immediat), le tout emmener par la sensation d'assister à un immense film de Kim Ki Duk (Vous devez voir Time pour vous la raconter grave en société) ou de Bong Joon Ho (Snowpiercer est la meilleure adpatation de BD en film. Et pis c'est tout).

Assurant un mélange détonant de cithare, de guitares saturées, de haegum (lointain cousin du violon se jouant à la verticale, sur deux cordes, avec un archet), de hautbois, et de polyrythmies mesmérisantes, Jambinai ne choisit pas de voies déjà tracées. Cheminant entre rock, métal, musiques de film, mélodies lancinantes et plaintes majestueuses, Jambinai défriche de nouvelles terres inconnues.

Ces sud-coréen sont capables du plus grand des tours de force: exécuter un grand écart stylistique leur permettant de jouer aux transmusicales de Rennes et d'être invités aux Hellfest 2016.

Tant de créativité ne pourra que vous mettre à genoux.

Je retourne me noyer dans les eaux vives de la Mer Jaune, en priant les Grands Anciens d'emmener mon âme dans leurs contrées suppurantes et cyclopéennes.
Si j'en reviens, je vous emmènerai avec moi visiter les terres brûlantes où Converge sème ses graines.

A écouter en priorité: Time of Extinction, Connection

A éviter: la K-Pop.